Comment les aides auditives agissent-elles sur les acouphènes ?

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Quand les prothèses auditives soulagent les patients acouphéniques.
Qu'elles soient à contour d'oreille ou intra-auriculaires, les prothèses auditives peuvent apporter un certain confort aux personnes atteintes d'acouphènes. L'adjonction d'un générateur de bruit blanc peut également, dans certains cas, s'avérer utile.

Pour certains, l’appareillage serait une sorte de solution miracle. Pour d’autres, une voie menant souvent à la déception. S’il est vrai que de nombreux patients rapportent des améliorations notables de leur acouphènes suite au port de prothèse auditives, il convient néanmoins de pointer du doigt le manque d’études sur le sujet. En attendant de pouvoir disposer de données plus complètes et de statistiques significatives, il apparaît cependant pertinent d’opérer un tour d’horizon concernant cette forme de traitement. Nous verrons en quoi le critère de surdité est ici essentiel lorsqu’il s’agit de s’orienter vers un appareillage. Egalement, quelles sont les champs d’application des fameux générateurs de bruit blanc dont on entend souvent parler sans trop en saisir les contours. Enfin, il nous est apparu important d’insister sur le fait qu’en matière d’aide auditive, aucune improvisation ne saurait être tolérée, le diagnostic préalable d’un professionnel spécialisé étant par ailleurs essentiel à la mise en place de cette stratégie.

🖊Ci-dessous, une courte introduction vidéo. Pour plus d’informations et de détails sur ce sujet Acouphènes-Aides auditives, nous vous invitons à parcourir le dossier complet situé sous la vidéo.

Si le fait d’opter pour la pose d’un appareillage peut, dans certains cas, être pertinente, il n’en demeure pas moins que ce choix doit être mûrement réfléchi. Ne serait-ce que pour des questions financières. En effet, toutes les aides auditives ne sont pas prise en charge à 100% par la sécurité sociale. De plus, il est important de noter que les appareillages ne visant pas expressément à lutter contre une baisse de l’audition seront le plus souvent à la charge du patient.
C’est la raison pour laquelle, si l’optique de vous faire appareiller vous tente, il est recommandé de se rapprocher en amont d’un audiologiste lequel pourra évaluer votre audition avant de vous prodiguer des conseils adaptés. Il n’est pas inutile de rappeler ici qu’un audiologiste est un professionnel des tests auditifs. De ce fait, il est à même d’évaluer la gravité des troubles de l’audition en prenant, par exemple, une mesure psychoacoustique ou encore en menant un audiogramme ou une acouphénométrie. C’est également lui qui pourra, si nécessaire, vous recommander le port d’une aide auditive.
Dans un second temps, l’audioprothésiste pourra vous conseiller quant au choix de l’appareillage, sa fonction première étant de commercialiser, ajuster et réparer les appareils auditifs.

Les deux catégories de patients acouphéniques

Les patients acouphéniques atteints de surdité

Les statistiques montrent que de très nombreux cas d’acouphènes trouvent leur origine dans une déficience de l’audition.
Le mécanisme est le suivant : à cause de l’âge ou d’une dégradation précoce de la fonction auditive, les stimuli sonores captés par l’oreille parviennent de façon tronquée au cortex auditif, l’aire cérébrale qui traite les sons. Cette baisse d’intensité du signal nerveux engendre, en réaction, la création d’un « son fantôme » qui n’est autre que l’acouphène lui-même. C’est la raison pour laquelle la surdité partielle constitue, bien souvent, le facteur déclenchant ou aggravant des symptômes acouphéniques.
Dans ce cas précis, traiter la baisse d’audition semble donc être un choix pertinent. C’est ici que l’appareillage auditif peut apporter une aide. Ce dernier va agir comme un amplificateur : il va augmenter l’intensité des stimuli sonores.
Les signaux nerveux qui parviendront au cerveau seront d’autant plus puissants.

Résultat, le patient entend mieux. Ce phénomène, que l’on nomme également enrichissement sonore, va d’abord contribuer à masquer l’acouphène. Dans un second temps, il est envisageable que le son fantôme créé par le cerveau s’amenuise, entraînant une réduction des acouphènes.

L’appareillage auditif pour contrer la surdité

Ce phénomène d’enrichissement sonore obtenu par le port d’une aide auditive peut donc agir sur l’acouphène de trois manières complémentaires :
1- En amplifiant les sons environnants, l’appareillage va jouer sur l’effet de contraste entre les stimuli perçus et l’acouphène.
2- En restaurant une certaine audibilité des fréquences liées à la déficience, l’aide auditive peut neutraliser le phénomène du son fantôme.
3- En intensifiant l’activité neuronale au niveau du cortex auditif, l’appareil peut redonner au système nerveux une seconde jeunesse.
Il est ici pertinent de présenter rapidement les 2 grandes catégories d’appareils auditifs.

1- Les prothèses auditives dites « contour d’oreille »

Ces dernière, de par leur format supérieur, sont en mesure d’offrir plus d’autonomie. Esthétiquement, les appareils de ce type sont d’une discrétion relative. Cela tient au fait qu’ils viennent envelopper l’arrière de l’oreille. Côté budget, il faut compter entre 700€ et 2000€ selon les marques.

2- Les prothèses auditives dites « intra-auriculaires »

Ces dernières présentent l’avantage non négligeable d’être plus discrètes. En effet, il se trouve que ce format a été pensé pour s’insérer dans le conduit auditif. L’autonomie est moindre mais la discrétion est au rendez-vous. Côté prix, ce type d’appareils nécessite un investissement supérieur compris entre 1000€ et 2000€ par prothèse, selon le modèle.

Les patients acouphéniques sans surdité

Lorsque le patient, à l’issue de l’évaluation audiologique, ne présente aucun indice de déficience auditive, le port d’une aide auditive visant à enrichir l’environnement sonore n’apparaît alors plus pertinente. Dans ce cas, les professionnels de l’audition optent habituellement pour une seconde option, à savoir le port d’un générateur de bruit. Le principe est le suivant : le générateur, qui peut-être portatif, diffuse un stimulus sonore de basse intensité dont l’objectif est de masquer l’acouphène pour en réduire l’impact.

Les générateur de bruits

Au sein de ces stratégies de masquage, il est possible de distinguer trois catégories :
1- Le masquage de type TM (Tinnitus Masking), lequel est considéré comme étant d’une efficacité très limitée.
2- Le masquage de type TRT (Tinnitus Retraining Thérapie), une innovation du professeur Jastreboff.
3- Le masquage de type TSS (Thérapie Sonore Séquentielle) qui n’est autre qu’une sorte de combinaison des deux premières stratégies.

Deux mots sur la thérapie TRT

Il s’agit d’une forme de thérapie née dans les années 1980 aux Etats-unis. La Tinnitus Retraining Thérapie consiste en le port de prothèses auditives GBB (Générateur de Bruit Blanc) couplé à un accompagnement psychologique. L’objectif de la TRT est de favoriser la reprogrammation du système nerveux afin que le cerveau puisse recouvrer ses capacités de filtrage naturelles.

Différence entre bruit blanc, bruit rose et bruit brun

Tout comme la lumière blanche qui contient l’ensemble du spectre lumineux, le bruit blanc est un son qui contient l’ensemble des fréquences audibles par l’oreille humaine.
Le bruit rose, considéré comme plus agréable à écouter, offre une richesse de fréquence graves.

Le bruit brun, parfois comparé au bruit de l’eau qui coule, tend à accentuer plus encore les basse fréquence. A la clé, un bruit qui semble plus proche d’un bourdonnement que d’un sifflement.

La 3ème voie : les aides auditives avec générateur de bruits

Combinant aide à la déficience auditive et générateur de bruit blanc, ce type d’appareillage sera en général prescrit aux personnes souffrant de surdité partielle afin de mieux gérer la présence acouphénique dans des environnements calmes.
En effet, il est possible que certains patients manifestent un certain malaise lorsqu’ils se trouvent dans un endroit silencieux, ce type de contexte pouvant donner à leurs symptômes acouphéniques une résonance plus grande.
Afin de palier cette aversion au silence contextuel, l’option aide auditive + GBB peut sembler pertinente. La nature masquante du bruit généré, lequel peut être personnalisé, a pour fonction de distraire le patient et d’éviter que celui-ci ne focalise avec excès sur ses acouphènes.

Le rôle de conseil du professionnel

Il va sans dire que toute stratégie impliquant le port d’un appareillage doit être au préalable validée avec un ou plusieurs praticiens. En premier lieu, il apparaît crucial de diagnostiquer une éventuelle déficience auditive. Ce diagnostic permettra d’opter ou non pour l’option aide auditive.
Par la suite, il conviendra dévaluer le degré d’indisposition ressenti par le patient lorsque celui-ci est exposé au silence ambiant. Cette évaluation permettra d’opter ou non pour l’adjonction de la fonction GBB.

Il faudra ensuite, à la lumière des moyens financiers disponibles, déterminer le format d’appareillage (contour d’oreille ou intra-auriculaires). Enfin, il sera pertinent de proposer un masquage sonore personnalisé en corrélation avec la fréquence des symptômes acouphéniques.

Notons que l’ensemble de ces stratégies peut fonctionner dans certains cas et n’apporter que des améliorations très minimes dans d’autres. Hélas, comme souvent en matière de traitement des acouphènes, aucune solution ne peut être transposée d’une personne à une autre avec le même degré de succès. Là encore, il appartiendra au praticien de guider au mieux son patient en lui évitant, tant que faire se peut, des stratégies inadaptées.

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