Si l’on sait aujourd’hui que les symptômes acouphéniques peuvent trouver leur origine dans une multitude de causes aussi diverses que variées, il est également admis que les problèmes liés aux dents et à la mâchoire peuvent avoir un impact direct sur la survenue et l’aggravation des acouphènes. En effet, il s’avère que la mâchoire est l’une des parties du corps qui cristallise le plus de tensions. Qu’il s’agisse d’une pathologie purement dentaire ou bien d’une anomalie plus large se situant au niveau des articulations temporo-mandibulaires, il faut savoir que l’impact des dysfonctionnements touchant cette zone peut engendrer des séquelles au niveau de l’oreille avec, potentiellement, des conséquences directes sur les acouphènes. Qu’il s’agisse du muscle tenseur du tympan, du nerf trijumeau ou bien encore de bruxisme, nous verrons dans ce sujet quel rôle joue la mécanique dentaire et maxillaire dans l’apparition des acouphènes.
Les professionnels de la sphère ORL estiment qu’environ 5% des acouphènes seraient engendrés par des problèmes de nature dentaire. On a coutume de nommer ce type de symptôme « Acouphènes Somatosensoriel » en raison du lien qui existerait entre le bruit parasite et certaines tensions, essentiellement musculaires, qui se nichent au niveau du cou, de la nuque et de la mâchoire.
Acouphène et tensions au niveau de la mâchoire
Lors d’une récente étude Suédoise menée par l’institut Karolinska de Stockholm, il a été mis en lumière que le fait de réaligner les différentes parties composant la mâchoire pouvait à la fois diminuer le niveau de tension musculaire présent dans cette zone mais également rééquilibrer la formation dentaire.
Au cours de l’étude, 88 des 120 patients ont clairement rapporté une diminution de leurs symptômes acouphéniques. Il est à noter que cette atténuation s’est même prolongée chez certains durant plusieurs années. Le traitement, qui consistait à réaligner la mâchoire, est ainsi parvenu à diminuer les tensions ce qui a eu pour effet direct de faire baisser les acouphènes.
Quand le muscle tenseur du tympan se contracte anormalement
A la lumière des dernières découvertes médicales, il semblerait que le fait de serrer les dents ou bien encore le fait de grincer des dents soit de nature à contracter le muscle tenseur du tympan. Anciennement nommé « muscle du marteau », ce dernier a pour fonction de tendre le tympan afin d’éviter que celui-ci ne vibre trop violemment. A noter qu’il s’agit là d’un réflexe de protection du vestibule de l’oreille interne.
En cas de serrage ou de grincement de dents, la contraction anormalement élevée du muscle tenseur aurait alors tendance à sur-stimuler le système auditif ce qui, à terme, engendrerait l’apparition d’acouphènes.
Ce phénomène aurait également tendance à s’installer dans le temps. En effet, ces brèves contractions involontaire du muscle tenseur (myoclonie) se transformeraient progressivement en un phénomène chronique, installant alors l’acouphène durablement.
Le rôle joué par le nerf trijumeau
Le nerf trijumeau possède un rôle sensitif et moteur. Il innerve les parties inférieures et supérieures de la mâchoire ainsi que les zones oculaires et nasales. Ce dernier jouerait un rôle dans la survenue des acouphènes. C’est, plus précisément, son inflammation qui auraient des conséquences fâcheuses.
Acouphène et inflammation du nerf trijumeau
Une récente étude réalisée conjointement par une équipe de chercheurs composées de Brésiliens, d’Espagnols, d’Australiens et de Néo-zélandais a ainsi pu mettre en évidence le rôle joué par le muscle tenseur du tympan dans l’apparition des acouphènes.
Il apparaîtrait que l’altération de ce muscle pourrait bien déclencher des réactions plus ou moins problématiques telles que la dégradation des cellules ciliés présente au niveau de l’oreille interne ainsi qu’une réaction inflammatoire au niveau du nerf trijumeau. Or, il est communément admis que ce type d’inflammation est susceptible de créer une certaine gène auditive. L’acouphène pourrait bien faire partie des effets indésirables occasionnés par l’inflammation.
Acouphène et Syndrome de Costen
Une hyper-contraction des muscles permettant la mastication
Ce syndrome est caractérisé par une hyper-contraction de l’ensemble musculaire qui gère le procédé de mastication. Plusieurs symptômes peuvent laisser penser que le patient souffre d’un S.A.D.A.M. Citons par exemple l’apparition de douleurs multiples au niveau de la mâchoire, une possible sensation d’oreille bouchée ou bien encore la présence anormalement élevée de liquide auriculaire à l’intérieur de l’oreille.
Il faut savoir que le mécanisme articulaire qui permet la mastication est l’un des plus complexe que compte le corps humain. Sensible aux traumatismes, elle se révèle également très réactive en cas de contractures et de tensions musculaires. Par exemple, nous savons qu’une simple compression de l’articulation temporo-mandibulaire peut produire des répercussions pouvant expliquer l’apparition de symptômes acouphéniques.
A quoi reconnaît-on un Syndrôme Algo Dysfonctionnel de l’Appareil Masticateur ?
Le S.A.D.A.M. est identifiable au travers de ses nombreux symptômes. Il sera caractérisé dès lors qu’un ou plusieurs de ces symptômes existent sans toutefois qu’il soit nécessaire de tous les cumuler.
Il pourra s’agir de difficultés lors de l’ouverture et de la fermeture de la bouche. Dans certains cas, il est possible que ce geste provoque des craquements similaires à ceux que l’on obtient au niveau des doigts de la main. Le S.A.D.A.M. peut aussi engendrer des céphalées ainsi que des douleurs cervicales. Notons également que peuvent apparaître des bourdonnements d’oreilles ou bien encore des vertiges. Peuvent également se manifester une sensation d’oreille bouchée ainsi que des douleurs présentes au niveau du visage et des épaules. Lors de la mastication, il n’est pas rare que le patients ressente des claquements et/ou des crépitements articulaires.
A noter que lorsque les dents se chevauchent mal (malocclusion dentaire), il existe un risque d’étirement au niveau ligamentaire lequel peut agir sur le tympan. C’est la raison pour laquelle il est vivement conseillé, en cas de symptômes constatés, de faire vérifier par un professionnel la qualité de l’occlusion et le bon fonctionnement de l’articulation.
Comment traiter le S.A.D.A.M. pour diminuer ou supprimer les acouphènes
En cas de corrélation directe entre problèmes dentaires et acouphènes, il sera pertinent de veiller à corriger certains dysfonctionnement articulaires. Cela peut se faire grâce à une équilibration des dents qui visera à restaurer une occlusion correcte. Dans cette optique, il sera alors possible d’opter pour le port d’une gouttière amovible laquelle redonnera une certaine stabilité à la mandibule, notamment dans sa position fermée. On parlera alors de gouttière occlusale.
Il sera également possible que le praticien choisisse de remplacer des dents manquantes. Une autre piste consistera à corriger d’éventuels troubles du sommeil ou bien encore à traiter une possible obstruction nasale s’il s’avérait que ce type de problème soit diagnostiqué. Une autre solution consistera à relaxer la mâchoire via des exercices articulaires.
Deux mots sur le Bruxisme et ses conséquences sur les acouphènes
Acouphènes et problèmes dentaires : quelques pistes de traitements complémentaires
La médecine dentaire holistique
On appelle médecine dentaire holistique un type particulier d’approche thérapeutique qui se distingue, notamment mais pas seulement, par son parti pris de ne pas utiliser deux substances potentiellement nocives que sont le mercure et le fluor, préférant remplacer celles-ci par des matériaux dits « biocompatibles ».
Au delà de ce parti pris, la médecine dentaire holistique s’appuie, comme son nom l’indique, sur une approche globale de l’individu. Une approche qui analyse et met en relation l’ensemble des composantes qui influent sur la santé du patient.
Par exemple, une problème dentaire tel qu’une carie sera interprété en premier lieu comme le signe qu’un déséquilibre sous-jacent affecte l’organisme de la personne. Plus que la dentition, ce sont bien les interactions ainsi que les liens qui existent entre la santé buccale et la santé globale qui intéresse avant tout la médecine dentaire holistique.
La prise en compte du facteur émotionnel
En matière d’acouphène, il est aujourd’hui communément admis que les états émotionnels toxiques tels que le stress, l’anxiété, la détresse ainsi que la colère sont de nature à aggraver la présence ainsi que la perception du bruit parasite. Pourquoi cela ? Eh bien, parce que les mécanismes internes qui engendre ces états émotionnels sont fondamentalement des états de tension, de crispation, de contraction et de raidissement.
Or, nous avons vu que c’est surtout la mise sous tension de la mâchoire qui peut potentiellement occasionner, à terme, des dommages liés à l’audition via toute la mécanique articulaire et ligamentaire qui remonte jusqu’au système auditif.
Faites le test
La prochaine fois que vous subissez un épisode de stress, arrêtez vous deux minutes pour analyser le degré de tension imposé à votre corps. Voyez comment l’état émotionnel de crispation se concentre sur votre visage ainsi que dans votre mâchoire. Imaginez comment, avec le temps, ces états de tension toxiques vont impacter négativement votre vie ainsi que la perception même de vos symptômes acouphéniques.
Prendre en compte le facteur émotionnel, c’est avant tout comprendre que le stress ainsi que les états similaires sont autant de phases durant lesquelles le corps est soumis à des contraintes physiques qui peuvent produire des effets secondaires indésirables.
L’utilisation de voies alternatives telles que la Sophrologie, les techniques de méditation, les thérapie comportementales cognitive ainsi que le yoga peut être d’une grande aide lorsqu’il s’agit de contrecarrer ces états de tension.
Ces quelques exemples constituent un échantillon de disciplines utiles qui permettent d’obtenir des états de relaxation, de détente musculaire et de décrispation. Autant de leviers qui permettent d’alléger les contraintes qui peuvent exister au niveau de la mâchoire et des cervicales. Autant de moyens complémentaires et non médicamenteux de contenir les symptômes acouphéniques, notamment lorsque ces derniers trouvent leur origine dans des problèmes dentaires.