Traitement des acouphènes : les implants cochléaires sont-ils efficaces ?

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Cette image illustre un implant cochléaire.
Grâce à leur action stimulante auprès du nerf auditif, ce type d'implants pourrait restaurer l'audition et faire quasiment disparaître les acouphènes consécutifs à une perte auditive.

Lorsque la cochlée, ce petit organe de l’oreille interne tapissé de cellules sensorielles, n’assure plus correctement sa fonction de transmission du signal sonore, s’en suit souvent une perte auditive qui peut devenir problématique. Concrètement, il arrive souvent que ce dysfonctionnement de la cochlée ait des répercutions sur les symptômes acouphéniques. Que l’anomalie auditive déclenche l’acouphène ou bien encore aggrave celui-ci, il est un traitement prometteur qui permet aujourd’hui de palier cette déficience et, potentiellement, de résorber les symptômes associés. Cependant, si le dispositif chirurgical qui consiste à implanter des électrodes directement au sein de l’oreille interne est une prouesse technologique et médical, il demeure une solution coûteuse qui semble plutôt réservée aux personnes victimes d’une perte d’audition sérieuse. Au regard des possibilités offertes par cette technologie, il s’avère plus que jamais pertinent d’explorer plus en profondeur le dispositif afin de bien comprendre comment, dans certains cas, une stimulation électrique peut contrecarrer le parasitage sonore engendré par les acouphènes.

La cochlée, une pièce maîtresse de l’oreille interne

On appelle cochlée ce petit organe creux qui n’est pas sans rappeler une coquille d’escargot tant sa conception en spirale est singulière. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il était autrefois connu sous le nom de limaçon. Remplie de liquide (appelé endolymphe), la cochlée est également tapissée de cellules sensorielles que l’on nomme cellules ciliées en raison de leur structure filamenteuse.

C’est grâce à ces cellules spécifiques que la cochlée est en mesure de transformer les vibrations sonores perçues par l’oreille en autant de signaux électriques qui sont ensuite acheminés vers le cerveau pour être analysés. En ce sens, nous pouvons considérer que la cochlée est en quelque sorte la partie auditive de l’oreille interne.
Il sera ici pertinent de préciser que l’oreille interne constitue une partie du système auditif. Outre la cochlée, cette dernière renferme également ce que l’on nomme le système vestibulaire qui n’est autre que l’organe de l’équilibre et de la proprioception (analyse de la position de la tête et du corps dans l’espace).
Les cellules ciliées contenues dans la cochlée sont la clé de voûte de l’audition. En effet, ce sont elles qui font remonter l’information auditive au cerveau. Lorsque ces cellules sont dégradées, par exemple suite à un traumatisme sonore ou bien encore lorsque le sujet est âgé, les fréquences sonores sont moins bien acheminées. C’est ce que l’on appelle communément la déficience auditive.

Voici une courte vidéo explicative présentant la cochlée :

L’intérêt des implants cochléaires dans le cadre du traitement des acouphènes

Le tout premier implant cochléaire fut l’oeuvre d’un chercheur Australien nommé Graeme Clark lequel procéda à l’opération en 1978. Il est à noter que depuis cette date, le système s’est grandement miniaturisé.

Lien entre acouphène et perte d’audition

Comme nous l’avons vu un peu plus haut, la cochlée est en charge de transformer les vibrations de l’air en signaux électriques via son revêtement de cellules sensorielles en forme de cils. Nous avons également vu qu’en cas dégradation de ces cellules, la transmission sonore s’opère avec plus de difficultés.
Or, lorsqu’une perte auditive est en cause, il se trouve que l’acouphène est souvent l’expression de cette altération. En effet, il apparaît que l’acouphène serait une sorte de réponse à la déficience auditive. La cochlée ne remplissant plus à 100% son rôle, le cerveau prendrait alors le relais en créant une sorte de substitut sonore destiné à combler les fréquences manquantes.

En d’autres termes, l’acouphène, phénomène essentiellement nerveux, proviendrait d’un déficit de stimulation de la cochlée. Le bruit parasite ainsi perçu serait en quelques sorte un effet compensatoire généré par le cerveau lequel ne comprend pas pourquoi il ne reçoit plus certaines fréquences sonores. C’est la raison pour laquelle la fréquence acouphénique (plus ou moins aigu) est souvent très proche des fréquences que l’on ne perçoit plus correctement.

Re-stimuler le nerf auditif pour faire taire l’acouphène

Si les symptômes acouphéniques proviennent d’un mécanisme de compensation suite à une perte d’audition, il apparaît pertinent de tenter de réintroduire une stimulation au niveau de la cochlée afin de briser ce phénomène de compensation par l’acouphène. C’est là le rôle de l’implant cochléaire lequel va palier la dégradation des cellules ciliées et ainsi réactiver l’influx nerveux en direction du cerveau.
Objectif : faire en sorte que le mécanisme de l’acouphène n’ait plus lieu d’exister. L’information nerveuse étant de nouveau perçue par le cortex auditif, l’acouphène (produit en compensation de la déficience auditive) devient alors superflu et s’atténue de lui-même jusqu’à (parfois) disparaître.

Objectif de l’implant cochléaire : remplacer la cochlée déficiente

Qu’est ce qu’un implant cochléaire ? Il s’agit d’un dispositif électronique miniaturisé que l’on implante chirurgicalement, directement dans l’oreille interne. Ce dispositif remplit le rôle de la cochlée défectueuse. Il capte les sons émis par l’environnement et les transforme en signaux électriques lesquels sont ensuite acheminés, via le nerf auditif, jusqu’au cerveau.

Il est à noter qu’un implant cochléaire est composé d’une partie réceptrice située au niveau du cuir chevelu et d’une partie interne nommée, en toute logique, « implant ».

Très concrètement, les bruits perceptibles sont captés par la partie réceptrice pour être convertis, grâce à un microprocesseur, en signaux électriques. Notez qu’un implant peut cumuler jusqu’à 22 électrodes lesquels sont logés dans la cochlée.

Voici une courte vidéo explicative qui illustre bien le fonctionnement du dispositif d’implant cochléaire :

Des chiffres sur l’efficacité des implants cochléaires pour traiter les acouphènes

Il y aurait à ce jour, au travers le monde, près de 80 000 personnes implantées. En règle générale, ce dispositif est plutôt réservé à des sujets atteints de surdités sévères. Cela paraît logique car la fonction première de l’implant cochléaire est de restaurer un niveau d’audition. La diminution ou la disparition des symptômes acouphéniques demeure, en définitive, un effet secondaire consécutif à la re-stimulation nerveuse de la cochlée, du nerf auditif et du cortex auditif.
Si l’on compare l’efficacité des implants cochléaires à celle des prothèses auditives, il apparaîtrait que les personnes ayant opté pour la première solution puissent entendre jusqu’à sept fois mieux.

Masquage de l’acouphène et effet de distraction

Lors d’une étude menée auprès de personnes a qui l’on a implanté ce type de dispositif, il est apparut que plus de 8 candidats sur 10 souffraient effectivement de symptômes acouphéniques et ce, avant même d’avoir été opéré. Sur cette population touchée, près de 1 personne sur 3 qualifiait de « gênant » cet acouphène. Grâce à la pose de l’implant, ces symptômes gênants ont été réduit ou supprimé dans 86% des cas. Dans moins de 10% des cas seulement, ces derniers augmentèrent.
Ces résultats encourageants s’expliquent en partie par le fait que les stimulations produites par l’implant vient masquer le signal nerveux acouphénique. Egalement, un certain nombre de sujets ont rapporté connaître un phénomène de distraction du à la réorientation de l’attention vers les nouveaux sons générés par l’implant.
Selon une autre étude menée aux états-unis auprès d’une population de 33 personnes acouphéniques (et vraisemblablement malentendantes), pas moins de 24 d’entre elles ont reconnu une réelle efficacité des implants cochléaires dans le cadre de la diminution de leur acouphènes.

Une nette amélioration des capacités auditives

Au global, il apparaîtrait que, parmi la population adulte bénéficiaire de ce type d’implants, environ 80% rapportent une amélioration de leurs facultés auditives. Ces personnes témoignent d’une meilleure réception des sons de l’environnement, d’un meilleur contrôle du volume de leur voix ainsi que de performances accrues durant les conversations.

Une pose chirurgicale 

La pose d’un implant cochléaire demeure un acte technique de nature invasive. C’est la raison pour laquelle elle n’est possible que dans un univers médicalisé et avec le concours d’une équipe chirurgicale rompue à l’exercice.
L’opération se déroule sous anesthésie générale et dure environ 3h. L’équipe chirurgicale vérifiera minutieusement le bon positionnement de l’implant ainsi que des électrodes grâce à un système de rayonnement X. A noter que la durée d’hospitalisation oscille entre 3 jours et une semaine. Post-opération, le processus de guérison s’étale sur un peu plus d’un mois. Enfin, une fois l’implant activé, un audiologiste procédera à une batterie d’essais et d’adaptations afin de s’assurer que tout fonctionne correctement.
Il est à noter que la pose est obligatoirement précédée d’un bilan médical. La phase de chirurgie sera également accompagnée d’une période de suivi postopératoire. Pour toutes ces raisons liées tant à l’environnement médical qu’aux qualités technologiques intrinsèques des appareillages, la pose d’un implant cochléaire peut  facilement avoisiner les 45 000€. Fort heureusement, ce coût peut être intégralement pris en charge par la sécurité sociale, à condition cependant que le degré de déficience auditive puisse justifier l’opération.

Quels sont les effets secondaires postopératoires ?

S’il existe quelques effets secondaires postopératoires éventuels, ceux-ci demeurent cependant rares. Statistiquement, environ 1 patient sur 400 pourra subir une atteinte du nerf facial. Il est également possible que la personne implantée puisse témoigner d’un relatif engourdissement dans la région de l’oreille opérée. Outre un faible risque d’infection, il sera possible dans certains cas que le patient se sente étourdi. Quoi qu’il en soit, ces manifestations postopératoires demeurent des phénomènes transitoires voués à s’estomper avec le temps.

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