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Qu’est ce que l’hyperacousie ?

Qu'est ce que l'hyperacousie et en quoi est-elle corrélée aux symptômes acouphéniques ?

Un robinet qui coule, une tondeuse qui ronronne, un appareil ménager qui vrombit et c’est le drame. Manifestations douloureuses au niveau de l’oreille, stratégie d’évitement, réactions défensives, irritabilité… l’intolérance à des bruits apparemment banals peut être le symptôme d’une pathologie sous-jacente appelée hyperacousie. Quels en sont les symptômes ? Quelles populations sont les plus touchées ? Quelles causes peuvent l’engendrer ? La pathologie s’immisce, insidieusement, dans la vie quotidienne et c’est tout l’équilibre mental, affectif et relationnel qui vacille. Comment se fait-il que 40% des personnes atteintes souffrent également d’acouphènes ? Quelles peuvent-être les complications ? Comment établir un diagnostic ? Quels sont les traitements envisageables ? Ce dossier vous fournira un aperçu complet de la problématique et vous permettra d’embrasser l’essentiel des informations concernant l’hyperacousie.

L’hyperacousie : une pathologie ORL

Reconnue pathologie ORL depuis quelques années, l’hyperacousie est un terme issu des travaux de Perlman en 1938 qui signifie littéralement « entendre trop », sous entendu « entendre trop fort ». Cette pathologie touche en général les deux oreilles même si, dans une minorité de cas estimée à 10%, il est possible qu’une seule oreille soit touchée. L’hyperacousie se caractérise par une atteinte effective du système auditif.
Il convient de faire la distinction entre hyperacousie, phonophobie et misophonie lesquelles sont respectivement une phobie injustifiée des sons, totalement irrationnelle et indépendante de l’appareil auditif et, pour la misophonie, une distorsion de certaines fréquences sonores due à un mécanisme uniquement émotionnel.

Quels sont les symptômes de l’hyperacousie ?

L’indice n°1 qui caractérise la pathologie est un seuil de tolérance au bruit anormalement bas. La personne hyperacousique, en présence de certains sons que l’entourage percevra de manière forte ou désagréable, vivra ces mêmes stimuli sonores de façon extrêmement négative et ira même jusqu’à qualifier ceux-ci d’intolérables voire, de douloureux.
Les individus en proie à ce dysfonctionnement pourront considérer qu’un bruit de vaisselle, de photocopieuse ou bien encore le ronronnement d’un ordinateur seront pénibles à vivre.
Nous comprenons mieux pourquoi cette pathologie, plutôt méconnue dans ses aspects causaux, se révèle être un mal handicapant capable de nuire à l’équilibre psychique, physique et relationnel du patient.
Pour information, une audition « normale » situera le seuil d’inconfort auditif aux alentours de 90 décibels. Le seuil de risque sera fixé à 105 dB tandis que le seuil de la douleur interviendra dès 120 dB. Avec des seuils totalement anormaux, les personnes hyperacousiques peuvent manifester des sensations de douleur dès 60 dB.
Il est à noter que l’hyperacousie est souvent caractérisée par une combinaison de symptômes associés tels que les vertiges, les céphalées, les nausées, des otalgies ou encore une fatigue chronique. Un faisceau de manifestations désagréables qui peuvent parfois diminuer après une phase de repos en immersion dans un environnement sonore modéré.
L’échantillonnage des sons peut également être phagocyté par l’hyperacousie. En effet, on remarque que certains patients éprouvent des difficultés à suivre une conversation dans un contexte sonore bruyant tel qu’on en retrouve au restaurant ou dans un bar.

Données épidémiologiques

Malgré le peu d’études menées à grande échelle, il apparaît au travers de celles qui ont été mise en place que 9% des Suédois et 15% des Polonais seraient atteints d’une forme d’hyperacousie. Au sein des autres pays, il semblerait que 2% de la population seraient touchés par la forme sévère de la pathologie.
Chez les musiciens, une étude a révélé que près d’un quart d’entre eux souffrirait d’hyperacousie.
La maladie aurait une nette tendance à influer sur le comportement des patients. Ainsi, une étude Suédoise menée par l’université de Uppsala sur une soixantaine de personnes a montré que 82% portaient des bouchons d’oreilles dans leur quotidien et que près de 90% évitaient les lieux top bruyant.
Concernant la pyramide des âges, il apparaît que 3,7% des enfants âgés de 11 ans au Royaume-Uni seraient atteints d’hyperacousie. Au Brésil, ce chiffre se situerait aux alentours de 3%. Il existe donc une prévalence de la pathologie chez des sujets jeunes voire, très jeunes.
Si l’on devait dresser un portrait robot de l’hyperacousique « standard », il apparaîtrait que celui-ci est en général moins âgé d’une décennie par rapport aux populations souffrant d’acouphènes ou de déficience auditive.

Qu’est ce qui cause l’hyperacousie ?

L’hyperacousie est fréquemment la séquelle d’un traumatisme sonore de type choc acoustique : déflagration, musique à haut volume etc. Cependant, d’autres causes peuvent expliquer la survenue de ce dysfonctionnement auditif. Par exemple, il est possible que celui-ci soit lié à un problème au niveau du système nerveux central ou périphérique.
La prise de certains médicaments dits « ototoxiques » peut également être un facteur déclenchant. De même, nous pouvons citer une maladie infectieuse, une pathologie génétique, une anomalie de l’oreille interne et moyenne ou bien encore une malformation osseuse.
Malgré une certaine méconnaissance au sujet des origines possibles, la communauté médicale est aujourd’hui capable d’établir un certain nombre de corrélations qui peuvent expliquer l’apparition de l’hyperacousie.
Citons par exemple le vieillissement et ses conséquences dégénératives sur l’appareil auditif, les chocs émotionnels et plus particulièrement le fameux SSPT (syndrome de stress post-traumatique), la prise de certains médicaments pouvant altérer les fonctions de l’audition, les traumatismes crâniens qui peuvent occasionner des dommages plus ou moins réversibles au niveau de la structure du crâne, la paralysie faciale due à une atteinte du nerf facial, l’autisme ou bien encore les traumatismes sensoriels auditifs qui peuvent découler d’une exposition inadéquate au sons.
Il est ici intéressant de dire deux mots sur le cas de l’airbag qui, lors de son déploiement très rapide, peut occasionner une surpression dans l’habitacle laquelle peut, dans certains cas, induire des dommages au niveau de l’oreille interne. Cependant, notons que l’intérêt d’un tel dispositif sur le plan de la sécurité dépasse largement les risques potentiels associés.
L’hyperacousie peut parfois être la résultante d’une autre pathologie sous-jacente. Il sera alors intéressant d’investiguer en ce sens afin de pouvoir poser un diagnostic précis pouvant, dans le meilleur des cas, donner lieu à traitement. A ce sujet, voici quelques maladies qui peuvent déclencher une hyperacousie :
✔ Un syndrome d’Asperger
✔ Des migraines aigus et/ou chroniques
✔ Un syndrome de Williams
✔ Un autisme
✔ Une maladie de Tay-Sachs
✔ Une Borreliose (maladie de Lyme dont le vecteur est la tique)
✔ Une maladie de Ménière
✔ Un trouble de l’articulation temporo-mandibulaire (TMD)
✔ La présence de lésions cérébrales dues à un traumatisme crânien sévère
✔ Une infection auriculaire chronique

Acouphènes et hyperacousie

Une estimation communément admise annonce que 40% des sujets atteints d’acouphènes souffriraient également d’hyperacousie. Il y aurait donc une réelle corrélation entre les symptômes acouphéniques et la pathologie hyperacousique. Il est aisé de trouver une certaine logique à ce phénomène. En effet, nous avons vu qu’un nombre important de causes pouvait engendrer une hyperacousie. Il se trouve que ces origines multiples constituent également, pour beaucoup d’entre elles, des facteurs déclenchant ou aggravant susceptibles d’induire des acouphènes.

Pour aller plus loin et bénéficier d’un aperçu panoramique quasi-exhaustif des causes pouvant générer la survenue d’acouphènes, nous vous invitons à consulter notre dossier expert très complet sur le sujet lequel référence pas moins de 43 causalités admises : Acouphène : principales causes

Les complications liées à l’hyperacousie

Comme toute pathologie, l’hyperacousie peut engendrer certaines complications qui peuvent impacter la vie du patient dans des proportions normales, gênantes voire, parfois inquiétantes.
Au premier niveau, la fatigue auditive ressentie peut induire une baisse d’énergie globale de la personne ainsi que des comportements d’évitement visant à mettre à distance les environnement sonores les plus agressifs. On parle alors de réflexe d’auto-préservation.
Au second niveau, les émotions négatives ressenties face à des sons quotidiens tels que les portes qui claquent, les objets qui s’entrechoquent et les sirènes dans la rue couvrent de manière pernicieuse le quotidien de la personne d’un voile qui peut occulter son bien-être. C’est le début de la spirale émotionnelle toxique laquelle doit être surveillée de près et, dans la mesure du possible, endiguée par l’action conjointe d’un spécialiste ORL et d’un professionnel de l’accompagnement psychologique.
Au troisième niveau, la personne en vient à être dérangée par des stimuli de nature banale tels que les voix humaines, le froissement d’un morceau de papier, le son de la cuillère touillant le café… A cette indisposition s’ajoutent des manifestations telles que des céphalées, l’impression d’avoir une oreille obstruée ou bien encore une fatigue latente. A ce stade, la vie sociale apparaît clairement affectée. Le tissus relationnel de la personne risque une réelle dégradation qui peut déboucher sur un repli sur soi. Là encore, une prise en charge par des professionnels de la santé semble judicieuse.
Au quatrième niveau, les activités quotidiennes telles que les déplacements, les sorties ainsi que les échanges verbaux posent un sérieux problème. La douleur occasionnée par l’hyperacousie entraîne des comportements d’évitement de plus en plus radicaux. Certaines manifestations cliniques peuvent apparaître telles qu’une inflammation de l’oreille, une irradiation dans le cou ou dans la mâchoire, des rougeurs au niveau du visage ainsi que des congestions auriculaires. La personne atteinte se situe clairement au stade du handicap même si le terme n’est pas employé précisément. La vie quotidienne est phagocytée.
Au cinquième niveau, la personne hyperacousique fonctionne à l’état de ralenti. Les manifestations cliniques évoquées au 4ème niveau sont exacerbées. En outre, il est fort probable que l’apparition de symptômes acouphéniques face échos à la pathologie.
Au delà des manifestations purement cliniques, il faut prendre conscience que le véritable danger qui guette l’individu se situe au niveau psychologique. En effet, il est plus que préoccupant pour l’entourage d’assister à la lente dégradation de l’état mental, émotionnel et relationnel de la personne en proie à une hyperacousie. C’est la raison pour laquelle il est impératif de ne pas laisser s’installer cette spirale infernale qui peut miner, à terme, toute velléité de rebond. La prise en charge se fera donc autant sur le plan pathologique que psychologique.

Diagnostic de l’hyperacousie

L’hyperacousie est une réaction dysfonctionnelle due à une pathologie (hyperacousie avec pathologie causale) ou à une brutalisation du système auditif. Lors de sa survenue, il est bien souvent difficile de savoir s’il s’agit d’un phénomène temporaire ou d’un dommage durable.
C’est l’oto-rhino-laryngologue, grâce à un bilan ORL complet, qui pourra poser un diagnostic après identification de l’origine. Lorsque les symptômes hyperacousiques surviennent après un choc acoustique, il est vivement recommandé d’agir de manière très réactive, c’est à dire dans les 24h suivant le traumatisme. Laisser traîner revient à diminuer considérablement les chances de guérison et fait encourir un important risque d’irréversibilité.
Selon la gravité des symptômes et le contexte dans lequel est survenue l’hyperacousie, le praticien ORL pourra procéder à un examen comprenant une tympanoscopie ou bien une endoscopie nasale. Il pourra également procéder à une évaluation de la fonction tubaire afin de déceler un éventuel problème de béance. En outre, il pourra également opter pour :
✔ Une auscultation des carotides
✔ Une vérification des artères vertébrales
✔ Une évaluation de la sévérité de l’hyperacousie
✔ Une évaluation via balance visuelle numérique ou analogique
✔ Un check-up de l’entrée du conduit auditif (lorsque l’acouphène est pulsatile)
✔ Une évaluation des réflexes stapédiens
✔ Une évaluation de la fonction vestibulaire
✔ Un examen manuel du cou afin de rechercher d’éventuels troubles fonctionnels
✔ Un examen de la dentition et de la mâchoire afin d’écarter tout risque de malocclusion dentaire et de syndrome algo-dysfonctionnel de l’appareil manducateur (SADAM).
✔ Une audiométrie tonale et/ou vocale
✔ Un test sur seuil d’inconfort (LDL)
✔ Un test d’impédance audiométrie
✔ Un examen psychologique si nécessaire

Traitement de l’hyperacousie

Comme c’est le cas en matière d’acouphènes, le traitement de l’hyperacousie sera grandement facilité en cas de présence d’une pathologie causale, c’est à dire dans le cas où une maladie ou un dysfonctionnent se trouve être à l’origine du problème.
Dans cette hypothèse, une fois le diagnostic établi, il appartiendra au praticien d’orienter la personne atteinte vers un traitement adapté qui pourra, en cas de succès, réduire ou faire taire les symptômes hyperacousiques.
En revanche, si aucune pathologie causale ne peut être identifiée, on parlera alors d’hyperacousie « idiopathique » et il sera lors pertinent d’opter pour des thérapie palliatives lesquelles peuvent par ailleurs s’avérer très efficaces.
Pour aller plus loin sur un sujet connexe et bénéficier d’un aperçu panoramique quasi-exhaustif des traitements pouvant soulager d’acouphènes, nous vous invitons à consulter notre dossier expert très complet lequel référence pas moins de 67 solutions concrètes : Acouphène : principaux traitements
A titre d’exemple, citons la sophrologie qui apportera une aide précieuse via l’utilisation d’outils adaptés tels que les techniques de respiration, l’imagerie mentale et la détente corporelle pour n’en citer qu’un échantillon. L’ostéopathie pourra également tenter de débloquer d’éventuelles tensions cervicales ou crâniennes. Les thérapies comportementales et cognitives, quant à elles, pourront être combinées à la technique de l’EMDR afin de désensibiliser émotionnellement la personne et de restructurer l’information au niveau du cortex auditif et du système limbique.

La rééducation auditive au service de l’hyperacousie

Cette forme de traitement consiste à réhabituer l’appareil auditif aux sons qui occasionnent la douleur. Cette habituation se fait progressivement, dans la durée. C’est cette exposition graduelle aux bruits problématiques qui permet à la rééducation auditive d’induire une désensibilisation propice au soulagement de la personne hyperacousique.
Rééduquer l’audition exige une immersion dans un environnement sonore peu intense mais non silencieux. En effet, si aucun stimulus ne peut être détecté par l’oreille, le cerveau aura tendance à assimiler cela à une déficience auditive. Résultat, il s’en suivra un phénomène d’amplification qu niveau des structures internes de l’oreille, amplification qui rendra encore plus intolérable les bruits qu’il s’agissait initialement de traiter. C’est la raison pour laquelle il est important de maintenir une ambiance sonore de fond afin que la désensibilisation puisse s’opérer correctement.

Enfin, l’utilisation de générateurs de bruits blancs non occultant peut, dans certains cas, être une solution efficace. Seul bémol, la durée du traitement laquelle peut facilement aller jusqu’à 24 mois.

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