Comment le Neurofeedback entend traiter les acouphènes ?

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Le Neurofeedback est une technique qui mélange neurosciences et psychologie dans le cadre du traitement des symptômes acouphéniques.
Comment le Neurofeedback, thérapie innovante qui utilise un électroencéphalogramme en temps réel, ambitionne de diminuer la perception de l'acouphène en détournant l'attention du cortex auditif.

Le Neurofeedback, malgré le peu d’étude menée à grande échelle, se veut une technique innovante qui se situe au carrefour de la psychologie et des neurosciences. Thérapie non-médicamenteuse et non-invasive, elle ambitionne d’aider les patients acouphéniques à moduler leur perception des bruits parasites en leur apprenant à intervenir directement sur l’activité du cortex auditif, l’aire cérébrale dédiée au traitement des sons.

🖊 Ci-dessous, un court résumé en vidéo. Pour plus de plus amples informations sur ce sujet Acouphènes et Neurofeedback, parcourez le dossier complet situé sous la vidéo !

Qu’est ce que le Neurofeedback ?

Le Neurofeedback, également appelé Biofeedback EEG, est une technique thérapeutique non-médicamenteuse et non-invasive qui vise à aider le cerveau à éliminer certains mauvais automatismes inscrits dans le fonctionnement même du système nerveux.
L’antériorité de cette forme de traitement remonte aux années 1970, période à laquelle Barry Sterman, alors directeur de recherche à l’université UCLA de Los Angeles, tenta une première application sur sa collaboratrice souffrant d’épilepsie.
Le Neurofeedback entend intervenir sur l’activité cérébrale en fournissant, en temps réel, des informations précises sur cette activité au patient. Ce dernier serait alors capable, grâce à cette remontée d’informations, d’opérer certains ajustements vertueux. 
Il n’est pas superflu de noter ici que, lors d’une séance de Neurofeedback, aucune impulsion de quelque nature que ce soit n’est envoyée par les capteurs placés sur la tête du patient. En leur qualité de capteur, ils ne font que détecter l’activité électrique du cerveau afin de la transmettre à l’ordinateur. 
Les données sont fournies en temps réel par un électroencéphalogramme relié à une sorte de casque bardé de capteurs. Le Neurofeedback est donc, en premier lieu, un moyen d’analyser en direct l’activité des fameuses ondes cérébrales générées par nos neurones. Or, il est pratiquement établit que, dans l’écrasante majorité des cas d’acouphènes chroniques, il y aurait une zone du cerveau qui pâtirait d’une activité électrique anormale. C’est la raison pour laquelle le Neurofeedback est aujourd’hui une piste de traitement envisagée en présence de symptômes acouphéniques.

Les 5 types d’ondes cérébrales

On mesure la fréquence de ces ondes émises par les neurones en Hertz. Plus la fréquence est basse, plus cela témoigne d’une activité cérébrale ralentie. A l’inverse, une fréquence élevée sera le signe d’un niveau d’activité plus intense.  
✔ On parle d’ondes delta lorsque la fréquence est inférieures à 4 Hertz. Ce sont les ondes du sommeil.
✔ Les ondes thêta indiquent, quant à elles, des fréquences comprises entre 4 et 7 Hertz. Ce type d’ondes est fréquemment associé aux états de sommeil, de relaxation profonde ou bien encore de visualisation.
✔ Les ondes alpha oscillent entre 8 et 13 Hertz. Elles émanent de nos neurones lorsque nous sommes détendus, calmes et apaisés.
✔ On parle d’ondes bêta lorsque la fréquence est comprise entre 13 et 38 Hertz. Celles-ci se produisent lorsque nous sommes dans des états mentaux de réflexion, de résolution de problèmes, de concentration et d’attention focalisée.
✔ Enfin, il arrive également que l’on parle d’ondes gamma pour caractériser les fréquences supérieures à 35 Hertz. Ce type d’ondes particulières témoignerait d’une activité cérébrale intense telle que l’on la retrouve lors des processus créatifs ou des états méditatifs transcendants.

Les principales applications du Neurofeedback

Le Neurofeedback est régulièrement utilisé dans le cadre de l’amélioration des capacités de concentration. Elle l’est également dans le cadre de l’amélioration du sommeil et de la mémoire.
Concernant ses applications thérapeutiques, nous pouvons citer la gestion du stress, les corrections liées à des problématiques de déficit d’attention, le syndrome épileptique, les crises d’anxiété et de panique, les états dépressifs ainsi que le syndrome de stress post-traumatique.
Mentionnons également que cette thérapie est parfois sollicitée dans le cadre du traitement des migraines chroniques, de la Dyslexie, de l’autisme ainsi que pour déprogrammer certaines addictions.

Que faut-il attendre du Neurofeedback en matière d’acouphènes ?

Ce qui nous intéresse en l’espèce, c’est de savoir comment le Neurofeedback peut apporter une aide dans le cadre du traitement des acouphènes chroniques.

Vers un rééquilibrage du système sympathique / parasympathique

Au cours de la séance, l’électroencéphalogramme va permettre de faire remonter certaines informations qui seront visibles par le patient sur l’écran d’ordinateur.
C’est grâce à ces informations que la personne acouphénique va pouvoir visualiser l’activité de son Système Nerveux Central. A partir de là, le thérapeute pourra apprendre au patient à mieux équilibrer son système sympathique et parasympathique au sein du système nerveux.
Pour rappel, les systèmes sympathiques et parasympathiques sont fortement suspectés de jouer un rôle clé dans la perception des symptômes acouphéniques.
En effet, on sait aujourd’hui que le stress ainsi que les autres états émotionnels toxiques constituent une sorte de caisse de résonance pour l’acouphène. Or, il apparaît que le diptyque sympathique / parasympathique joue un rôle de premier plan quant à la régulation et la neutralisation de ces états émotionnels.

Objectif du Neurofeedback : détourner l’attention du cortex auditif

Nous savons aujourd’hui qu’en matière de symptômes acouphéniques, une activité excessive dans la zone du cortex auditif est de nature à augmenter la perceptions des bruits parasites. Le Neurofeedback, lequel cherche à prendre le contrôle sur le cerveau en entraînant celui-ci à porter son attention sur un objet mental autre, propose de détourner l’attention du cortex auditif pour la réaffecter sur un objet neutre.
En d’autres termes, l’acouphène qui provient d’une sur-stimulation du cortex auditif va engendrer dans son sillage des émotions toxiques propres à jeter de l’huile sur le feu en augmentant encore un peu plus la saillance de l’acouphène, c’est à dire sa propension à surgir dans le champ de conscience. Le Neurofeedback cherche à court-circuiter ce processus et à éviter l’effet boule de neige en étouffant cette hyper-activité du cortex auditif.
Au fil des séances d’entrainement, la technique permettrait à de nouvelles cellules nerveuses de naître ainsi qu’à de nouvelles connexions neuronales de s’établir. En parallèle, d’autres cellules et connexions moins pertinentes seraient amenées à disparaître. C’est ce que l’on nomme la plasticité neuronale, une capacité innée du cerveau que l’on peut entretenir à tout âge.

Favoriser la plasticité neuronale

Une bonne définition de la plasticité neuronale consisterait à dire que celle-ci est le processus par lequel un neurone modifie le type de réponse qu’il fournit face à une même stimulation. Cette faculté que possède notre cerveau et qui lui permet d’évoluer tout au long de la vie est vitale car c’est ainsi que nous pouvons apprendre à nous adapter à telle ou telle situation, à telle ou telle contrainte, à tel ou tel contexte.
Le rôle clé dans la transmission de l’influx nerveux est tenu par les synapses. Elles peuvent renforcer la communication entre deux neurones mais peuvent aussi affaiblir la transmission nerveuse.
L’idée sous-tendu par le Neurofeedback est que la perception et la pénibilité de l’acouphène trouvent leur source dans ces complexes transmissions nerveuses, notamment dans la zone du cortex auditif. Plus les « autoroutes » neuronales sont empruntés, plus l’acouphène ancre ses effets, sa perceptibilité et sa toxicité. On dit alors qu’il est aversif et saillant. La connotation aversive étant son caractère problématique, parasitant, et la saillance étant sa faculté à s’imposer au premier plan de notre conscience.
Il apparaît donc pertinent de proposer une voie de traitement qui cherche à réguler la circulation de ses « autoroutes » neuronales afin qu’à terme celles-ci finissent par devenir des « départementales » bien moins empruntées.

L’étude de la Société radiologique d’Amérique du Nord

Dans cette étude*, les chercheurs ont évalué les réactions de 18 personnes volontaires lesquels, précisons-le, bénéficiaient d’une audition normale. Les participants à l’étude reçurent tous des bouchons d’oreilles qui leur permettait d’écouter un bruit blanc (neutre) durant certains laps de temps. Le but de la manœuvre était d’alterner des périodes avec stimulation sonore et sans stimulation afin de pouvoir identifier précisément quelles étaient les aires cérébrales les plus réactives aux stimuli sonores.
Dans un second temps, les 18 participants ont suivi un entrainement à la pratique du Neurofeedback sous Imagerie par résonance magnétique fonctionnelle.
Les conclusions de cette étude indiquent que le fait d’apprendre sciemment à détourner son attention d’un son pouvait induire une baisse d’activité mesurable du cortex auditif. En d’autre termes, le Neurofeedback aurait permis à certains participants de moduler leur perception du bruit blanc.
*Conclusion de l’étude de la Société radiologique d’Amérique du Nord (RSNA) intitulée « Auto-régulation de l’activité primaire du cortex auditif via l’attention dirigée par le Neurofeedback IRMf en temps réel ».

Deux mots sur le Neurofeedback dynamique

Le Neurofeedback dynamique est une variante dans laquelle les capteurs qui mesurent l’activité électrique du cerveau sont connectés à un appareil analyse le signal reçu près de 256 fois par seconde. Durant la séance, la patient est invité à écouter une musique. Lorsque l’ordinateur détecte une perturbation électrique dans le cerveau, une brève interruption vient alors ponctuer la bande son.
Il faut garder à l’esprit que le cerveau aime la continuité. Lorsque la musique s’interrompt, même si la pause est très brève et quasi-imperceptible de manière consciente, notre système nerveux perçoit l’anomalie dans la continuité. S’en suit un phénomène d’auto-observation où le cerveau pourrait entrer dans une phase d’auto-régulation.
Dans le cadre du traitement des acouphènes, le Neurofeedback dynamique postule qu’il est possible d’enclencher ce processus d’autorégulation afin que le cerveau se reprogramme dans sa façon de traiter les bruits parasites caractéristiques du symptôme acouphénique.

Quelle est la durée d’un protocole de Neurofeedback ?

Les cliniciens spécialistes du neurofeedback ont pour habitude de proposer aux personnes atteintes d’acouphènes des protocoles allant de 2 à 3 mois. Les séances sont hebdomadaires et durent en général 45 minutes.
Il est à noter que les premiers effets bénéfiques apparaîtraient au bout de 5 ou 6 séances. Il seraient également opportun de prolonger celles-ci au delà des 3 mois si la nécessité s’en faisait sentir. Il s’agit donc d’une thérapie brève mais qui peut parfois évoluer vers des protocoles plus chronophages.

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