Sevrage tabagique… perte de poids… allergies… S’il est coutume d’invoquer l’acupuncture pour solutionner un large éventail de problématiques, il est plus que légitime de s’interroger l’efficacité de cette pratique dans le cadre du traitement des acouphènes. Quels sont les fondements de la discipline ? Qu’entend-t-on par méridien ? Quel est le lien entre rein, foie et acouphène ? L’acupuncture, du haut de ses 2 200 ans d’existence, aurait-elle des pistes pertinents à explorer en matière de réduction des troubles acouphéniques ? Ce sujet a pour objectif de vous fournir des clés de compréhension afin de démystifier cette pratique ancestrale et essayer d’évaluer son potentiel d’action sur le plan des troubles auditifs.
Ci-dessous, une courte introduction vidéo. Pour plus d’informations et de détails sur ce sujet Acouphènes-Acupuncture, nous vous invitons à parcourir le dossier complet situé sous la vidéo.
L’acouphène vu par la médecine traditionnelle chinoise
L’acouphène est un phénomène symptomatique bien connu en médecine Chinoise. Celle-ci lui a même donné un nom, Er Ming, qui pourrait se traduire par « tintement dans l’oreille ». Toujours selon cette médecine, les acouphènes trouveraient leurs origines dans le déséquilibre de trois organes.
En premier lieu, le rein, dont on pense qu’il gouverne l’oreille. En second lieu, le foie, lequel est soupçonné d’influer sur l’audition via l’activité de la vésicule biliaire. En dernier lieu, la rate, organe clé pour le système immunitaire et la production de cellules sanguines.
Il est à noter que, selon la MTC, les troubles acouphéniques peuvent également trouver leurs causes déclenchantes ou aggravantes dans un dérèglement du système nerveux neuro-végétatif, une thèse communément partagée par des disciplines telles que la sophrologie, la PNL et l’hypnose.
Ici encore, nous constatons que l’implication du système nerveux et émotionnel dans la survenue des symptômes acouphéniques semble faire l’unanimité.
A la différence de la médecine conventionnelle laquelle se concentre plutôt sur les aspects fonctionnels, la médecine traditionnelle Chinoise entend traiter les acouphènes sous un prisme énergétique. En cela, elle constitue une approche holistique, c’est à dire qu’elle tend à prendre en compte la globalité du corps ainsi que les différentes relations qu’entretiennent les organes entre eux et avec notre système nerveux.
Comment l’acupuncture entend traiter les acouphènes
L’acupuncture est une des cinq principales pratiques de la médecine traditionnelle Chinoise, au même titre que la pharmacopée, la diététique chinoise, le massage Tui Na et les exercices énergétiques tels que le Qi Gong et le tai-chi. Elle consiste à planter de fines aiguilles dans des aires corporelles précises, le but étant de restaurer la circulation énergétique au sein de l’organisme.
Les séances d’acupuncture, hebdomadaires, durent généralement de 20 à 45 minutes et ne sont absolument pas douloureuse.
Le travail sur les méridiens
La Médecine Traditionnelle Chinoise considère que l’ensemble des organes du corps est relié par un vaste réseau énergétique. Les principaux axes de ce réseau sont appelés « méridiens ».
L’acupuncture, via des stimulations effectuées directement à la surface de la peau par des aiguilles, a pour objectif de réguler le flux d’énergie qui circule dans le corps. En plaçant l’aiguille en un point précis, appelé point d’acupuncture, l’acupuncteur va chercher à corriger une ou plusieurs fonctions physiologiques.
L’acupuncture pour débloquer un enkystement émotionnel
Outre le fait d’établir une corrélation avec le rein, le foie et la rate, l’acupuncture peut également désigner l’acouphène comme étant la résultante d’un blocage émotionnel. C’est de ce blocage que proviendrait la perturbation du flux énergétique induisant, ou intensifiant, le bruit parasite.
Le Dr. Jacques Labescat, médecin phytothérapeute, homéopathe et ostéopathe soutient que l’acupuncture est en mesure de créer une détente nerveuse. Une capacité de régulation émotionnelle qui viendrait d’un rééquilibrage du système parasympathique. Rappelons que ce dernier, via son action sur le stress et les émotions toxiques, joue un rôle clé dans la perception des troubles acouphéniques.
Pour la médecine chinoise, c’est l’hyper-activité du système nerveux, consécutive à un état de stress ou à un choc émotionnel, qui va détourner l’énergie du méridien du rein. L’acupuncteur va donc chercher, en réponse à ce détournement, à corriger cette fuite énergétique.
L’acupuncture pour soulager un traumatisme du rachis cervical
L’acupuncture considère également qu’une des causes possible d’acouphène est le traumatisme du rachis cervical. Cette anomalie perturberait le transport des informations qui transitent du corps à la tête en passant, très logiquement, par la nuque. Ce parasitage aurait une influence sur l’apparition et l’aggravation des sifflements, tintements et autres bourdonnements d’oreille.
Acouphène et rein
La médecine traditionnelle chinoise postule que le rein, plus précisément le manque d’énergie associé à cet organe, est responsable des acouphènes. Ce déficit énergétique aurait des répercutions sur la façon de percevoir les sons ainsi que sur l’équilibre. Cette corrélation supposée pourrait expliquer pourquoi les personnes atteintes d’acouphènes présentent également des symptômes de vertiges.
Où sont situés les points d’acupuncture liés au méridien du rein ?
On les trouve dans le bas du dos ainsi que sur le pourtour des oreilles. L’acupuncteur stimulera également le point VG20 situé au sommet du crâne, le point VB20 qui se trouve à l’arrière du crâne, juste sous l’occiput, ainsi que le point IG19 que l’on peut trouver directement dans la région auriculaire. Nous pouvons également mentionner les points VB2 et VB8 lesquels sont situés à des endroits très précis de l’oreille.
Précisons ici que l’auriculothérapie constitue une forme particulière d’acupuncture. En effet, il s’agit de piqûres plus petites qui se font exclusivement dans la région de l’oreille.
Acouphène et foie
Le lien entre acouphène et foie est du au méridien de la vésicule biliaire, un organe clé du système digestif qui sert de réservoir à la bile sécrétée par le foie. Ce méridien passerait juste au dessus de l’oreille, ce qui expliquerait son rôle dans la perception des sons.
En cas de blocage énergétique à ce niveau, il est probable que l’acouphène sera de type pulsatile, c’est à dire de nature rythmique avec un lien évident avec la vitesse du pouls. Pour plus d’informations au sujet des acouphènes pulsatiles, nous vous conseillons de lire notre dossier expert dédié > Les acouphènes pulsatiles
D’autres explications, plus conventionnelles, tentent d’expliquer comment le blocage de ce méridien opère. Pour certains praticiens, cela serait du à une anomalie de type arthrose logée dans la région cervicale.
Pour d’autres, la perturbation du méridien de la vésicule biliaire trouverait sa source dans une hygiène alimentaire malsaine.
Acouphène et rate
La rate est un organe qui joue un rôle important dans le bon fonctionnement du système immunitaire et le renouvellement efficace des cellules sanguines. Lorsque son action est entravée, la qualité du sang baisse. Cela peut entraîner une chute du taux de globules rouges et donc un déficit d’approvisionnement en oxygène. Or, on sait aujourd’hui que l’efficience du système cardio-vasculaire ainsi que l’apport en oxygène peuvent influer sur la bonne santé de l’appareil auditif.
L’acupuncture, en ré-insufflant de l’énergie au niveau de la rate, permettrait de préserver l’oreille interne des conséquences néfastes d’une mauvaise oxygénation.
Acupuncture et acouphène : quelle efficacité ?
Selon un témoignage du Dr. Bernard Cygler, Médecin ORL et Acupuncteur, environ 20% des patients ont été guéris. Parmi les 80% restant, un quart aurait connu une amélioration suffisamment importante pour pouvoir vivre normalement.
Une étude Iranienne publiée en 2011 dans the journal of research in medical sciences prétend que 5 à 10 séances d’acupuncture seraient en mesure d’avoir une influence notable sur l’intensité des acouphènes.
Une seconde étude menée sur 76 patients par les chercheurs Okada, Onishi et Chami ainsi que leurs collègues indique que le groupe de 38 individus qui avait suivi un protocole d’acupuncture rapportait une meilleure réduction des symptômes acouphéniques que le second groupe de 38 personnes qui n’avait suivi aucun traitement particulier.
En parcourant les données publiées sur le sujet, il apparaît que l’acupuncture pourrait permettre de soulager certains patients. Notons tout de même que les études en question mériteraient d’être renouvelée, approfondies et déployées sur des populations plus significatives.Néanmoins, malgré les doutes légitimes que l’on peut avoir quant aux thérapies dont on ne comprend que partiellement les mécanismes sous-jacents, il nous paraît judicieux de retenir l’acupuncture comme étant une possible voie de traitement.Premièrement en raison de l’approche holistique (globale) qui sous-tend la relation avec l’acupuncteur. Deuxièmement, en raison du caractère apaisant de la technique qui, nous le pensons, peut produire de réels effets bénéfiques sur l’équilibre du système nerveux et sur la régulation des états émotionnels toxiques tels que le stress, l’anxiété, la colère et la détresse.
