On sait aujourd’hui que les acouphènes peuvent avoir de multiples causes et que des dysfonctionnements qui s’expriment dans la région buccale et maxillaire peuvent avoir un impact sur les sensations auditives. Le bruxisme fait partie de ces dysfonctionnements. Il est caractérisé par des serrements et ou grincements de dents anormalement fréquents et intenses. Il sera intéressant de voir comment la proximité anatomique de la mâchoire et des oreilles est de nature à favoriser l’apparition de symptômes acouphéniques. De même, comment ne pas parler du rôle prépondérant que joue le système nerveux autonome en matière de bruxisme et d’acouphènes.
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Qu’entend-on par « bruxisme » ?
Lorsqu’une personne est atteinte de bruxisme, ses dents ont la fâcheuse tendance à se frotter les unes contre les autres et ce de manière répétée, de jour comme de nuit. Cela peut engendrer des complications dentaires telles que des fêlures, une usure prématurée, des déchaussements ou bien encore des fractures.
Hormis les risques dentaires, le bruxisme peut également provoquer des dommages connexes tels qu’une fatigue, des troubles ostéopathiques ainsi que des acouphènes.
Prévalence du bruxisme dans la population
Les statistiques s’accordent à dire qu’environ 6 à 8% de la population adulte et 14 à 38% des enfants présentent des manifestations de bruxisme à une fréquence hebdomadaire. Il est à noter que ces taux diminuent avec l’âge, on constate en effet une prévalence chez 12% des adolescents et environ 4% des plus de 60 ans. Statistiquement, ce sont les publics âgés de 20 à 50 ans qui sont les plus exposés aux manifestations de bruxisme.
La mâchoire, une mécanique de haute précision
Il faut savoir que la mâchoire est une mécanique subtile. Celle-ci est composée de la mandibule, l’élément mobile qui supporte les dents du bas. La mandibule s’articule sous le crâne, au niveau de l’os temporal qui jouxte le conduit auditif. La présence d’un ménisque permet aux os de s’emboîter. Enfin, un système complexe composé de muscles et de ligaments permet de soutenir cette belle mécanique articulaire et d’en garantir le bon fonctionnement.
Bruxisme statique et bruxisme dynamique
On appelle « bruxisme statique » le fait de serrer les dents sans qu’il n’y est de mouvement latéraux opéré par la mâchoire. Cette crispation anormale aura tendance à entraîner des douleurs musculaires à l’arrière de la mâchoire, dans le cou ainsi que dans la zone des épaules.
Dans certains cas plus extrêmes, il n’est pas rare que cette crispation débouche sur des céphalées, des nausées ainsi que des manifestations douloureuses ressenties au niveau de l’oreille moyenne. L’acouphène est également un symptôme qui peut être lié à cette état de crispation de la mâchoire.
Bruxisme et acouphène : un lien de cause à effet ?
Les patients ont tous été traités par injections de toxine botulique dans les muscles manducateurs (muscles de la mâchoire). Cette substance permet, à faible dose, de réduire le tonus musculaire. Les injections avaient donc pour but de « décrisper » ce que l’on nomme les temporaux et masséters. Or il se trouve que l’administration de ce produit dans cette zone spécifique a eu pour incidence de diminuer les symptômes acouphéniques que présentaient certains patients et ce, quelle qu’en fusse l’origine.
Le rôle clé du nerf trijumeau
C’est parce que les muscles de la mâchoire et ceux de l’oreille interne sont innervés par un même nerf (appelé Trijumeau), que le dysfonctionnement caractéristique du bruxisme pourrait se répercuter au niveau auditif et ainsi favoriser l’émergence d’un acouphène. La tension présente au sein de l’appareil masticateur pourrait induire une hypertonie réflexe (excès de tonicité musculaire) des muscles de l’oreille ainsi qu’une myoclonie du voile du palais (contracture du muscle du voile du palais entraînant un cliquetis permanent au niveau de l’oreille). Ces effets secondaires liés au phénomène de bruxisme pourraient induire l’apparition d’acouphènes.
Voici un extrait de la thèse présentée et soutenue publiquement en 2017 par Agathe DEAN dans le cadre du diplôme d’état de docteur en chirurgie dentaire :
On est aujourd’hui certain de l’existence d’une comorbidité (présence d’un ou de plusieurs troubles associés) possible entre le bruxisme, les céphalées et les acouphènes. En effet ces phénomènes ont en commun une innervation sensitive par le noyau trijumeau du système nerveux central et une perturbation du système dopaminergique.
Quels sont les facteurs qui peuvent déclencher les manifestations de bruxisme ?
Bruxisme et stress
Le stress est un processus psycho-corporel qui s’exprime essentiellement par une mise en tension globale de l’individu. La crispation musculaire qui en découle va se manifester de manière particulièrement importante dans la zone du visage. En effet, les muscles faciaux ainsi que ceux de la mâchoire se trouvent en première ligne et cristallisent de ce fait énormément de tensions. Le lien entre bruxisme et stress est assez évident, de même que le lien entre épisode de tension et intensité de l’acouphène n’est plus à démontrer.
Troubles posturaux et bruxisme
Selon le Professeur Dupas, occlusodontiste, près de 70% des patients en proie à des Dysfonctionnement Cranio-Mandibulaire présentent en parallèle des troubles de la posture. L’étude, réalisée auprès de 255 patients, a ainsi pu établir un lien étroit entre troubles musculo-articulaires du rachis et bruxisme nocturne.
Quand le bruxisme survient la nuit
Traiter le bruxisme est impératif car ce dysfonctionnement peut, à la longue, dégrader l’os ainsi que les tissus mous présents autour des dents. Des effets secondaires indésirables au niveau articulaire peuvent également se manifester si rien n’est fait pour diminuer ces manifestations nocturnes.
Le port de gouttières occlusales
A noter ici que la prise de médicaments régulateurs du sommeil ne fournis pas de bons résultats. (Source: Fondation Sommeil)
L’implication du système nerveux
Le bruxisme nocturne proviendrait donc, en toute vraisemblance, directement du cerveau. C’est cet état de tension qui perdure qui provoquerait ces serrements et grincements de dents caractéristiques.
De l’importance d’assainir le terrain émotionnel afin de diminuer bruxisme et acouphènes
Notre environnement ainsi que la façon dont nous le percevons ont une influence considérable sur notre état nerveux et émotionnel. Plus nous sommes tendus, stressés, anxieux et en détresse, plus la probabilité que nous développions un bruxisme nocturne ainsi que des acouphènes sera forte.