On a coutume de lui prêter une aura quasi magique, voire paranormale. Or, l’hypnose thérapeutique est en réalité une discipline bien éloignée des clichés véhiculés par l’hypnose de spectacle. Misant sur des outils éprouvés tels que les suggestions, les réinterprétations et les projections, pour n’en citer qu’un échantillon, l’hypnothérapie se veut avant tout un moyen de reprogrammer le cerveau en ajustant le fonctionnement de ses systèmes neuro-végétatifs, sensoriels et limbiques. Mise à contribution depuis les années 1950 dans le cadre du traitement des troubles acouphéniques, l’hypnose propose de modifier en profondeur la perception même des stimuli sonores afin d’en diminuer la connotation aversive ainsi que la saillance, deux notions étroitement liées qui jouent un rôle capital dans la survenue et la persistance des acouphènes.
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Qu’est ce que l’hypnose ?
La thérapie par induction d’un état de transe hypnotique est un procédé qui est utilisé depuis maintenant près de 60 ans dans le cadre spécifique du traitement des acouphènes chroniques. Pour comprendre ce qu’est l’hypnose et comment elle agit sur le cerveau, il convient de se figurer celle-ci comme un état mental particulier. Un état de conscience modifiée que l’on pourrait qualifier d’hypervigilance mentale.
Un état d’hypervigilance mentale
Un faible taux de résistance
C’est parce qu’elle entend agir sur l’inconscient, sur l’imagination, sur la mémoire ainsi que sur nos réactions conditionnées que l’hypnose va reprogrammer les réactions induites par les symptômes acouphéniques.
On estime aujourd’hui que 6 à 7 acouphéniques sur 10 tireraient un bénéfice de l’hypnothérapie. De même, un peu plus de 3 personnes sur 10 témoigneraient des bienfaits de l’hypnose alors même que ces dernières étaient considérées comme résistantes aux autres formes de thérapie. Ces chiffres sont à prendre avec précaution car le nombre d’études menées à grande échelle manquent en la matière.
Comment l’hypnose va agir sur les acouphènes
L’hypnothérapie permet d’agir sur deux niveaux complémentaires. Il s’agira tout d’abord de dissocier l’acouphènes, perception sonore, du corps. Cela signifie que l’hypnose va amener le cerveau à considérer le son parasite autrement de façon à ce que ce dernier s’efface. Au second niveau, l’état hypnotique va agir directement sur les répercutions émotionnelles liées aux acouphènes. Les sentiments de détresse, d’anxiété, d’irritabilité et de stress seront peu à peu neutralisés ce qui aura pour effet de diminuer la saillance des bruits parasites, c’est à dire leur propension à surgir dans le champ de conscience.
L’action de l’hypnose sur le système nerveux végétatif
L’inverse peut également être vrai : bien souvent, le fait émotionnel peut être à l’origine de l’apparition de symptômes acouphéniques. Il s’agit d’une boucle de rétroaction, une sorte de cercle vicieux qui peut s’alimenter dans un sens ou dans l’autre.
Les outils hypnothérapeutiques tels que les suggestions, les dissociations corps / symptômes ainsi que les déplacements, que nous aborderons plus en détail un peu plus bas, sont autant de voies permettant d’agir sur le système nerveux végétatif.
C’est en calmant et en équilibrant ce système autonome que l’on peut, par ricochet, calmer et rééquilibrer l’activité du cerveau limbique. Et c’est ce rééquilibrage global du diptyque organisme / esprit qui permet de diminuer la perception des acouphènes.
La réactivité du système auditif
Au sein de l’appareil auditif, chaque cellule ciliée internes et externe est doublement innervé. Cela signifie que les ramifications entre le système auditif et le système nerveux central forment une sorte de boucle. Les influx nerveux peuvent emprunter la voie qui mène vers le cerveau via ce que l’on nomme des fibres afférentes. A l’inverse, des messages de même nature peuvent arriver en provenance du cerveau via ce que l’on appelle les fibres efférentes. Il y a donc deux sens de circulation.
C’est cette particularité anatomique qui explique la grande interdépendance entre stress et acouphène. Tout semble se jouer au niveau du tronc cérébral, là où le système efférent tisse des connexions entre audition et centres régulateurs du système autonome. L’hypnose, grâce à ses effets anxiolytiques et régulateurs, agirait en profondeur en stimulant le système dit « parasympathique » lequel est en charge de la détente du corps et, par effet d’entrainement, de l’esprit.
Objectif : enclencher le cycle vertueux de l’habituation
A l’inverse, un son neutre qui sera perçu de manière non-problématique aura d’autant plus de chance de disparaître lui-même du champ de conscience car dépourvu de connotation aversive. Ce « noyage » progressif du stimulus sonore qui tend à s’effacer est caractéristique du processus d’habituation.
Résultats à délais variables
C’est la raison pour laquelle il nous est en général facile de nous accoutumer à une odeur agréable, jusqu’à oublier celle-ci, alors même qu’il nous sera impossible de ne pas considérer négativement une odeur fétide.
La boîte à outils hypnothérapeutique
✔ L’amnésie, laquelle aide le patient à « oublier » certaines perceptions auditives négativement connotées.✔ La distorsion temporelle, laquelle vise à raccourcir les moments inconfortables afin d’augmenter corrélativement les périodes de mieux-être.✔ Les suggestions, lesquelles peuvent être de quatre natures : directes, indirectes, activatrices ou bien encore ouvertes.✔ La dissociation, laquelle intervient pour insérer une saine distance entre le corps et les symptômes acouphéniques.✔ Le déplacement, un outil qui vise à déplacer l’acouphène de sorte que la personne puisse se le figurer comme un bruit venant de l’extérieur.✔ Le fractionnement, lequel cherche à induire une diminution progressive de l’acouphène.✔ La réinterprétation, laquelle entend créer des passerelles mentales entre l’acouphène et des expériences plus agréable.✔ Les représentations mentales, lesquelles cherchent à matérialiser l’acouphène pour en faire un objet sur lequel il lui est possible d’agir.✔ La relaxation, laquelle permet de retrouver des sensations corporelles positives pour ensuite les installer en toile de fond. C’est, en somme, une sorte d’antidote qui vise à contrer l’inconfort généré par la problématique acouphène.✔ La projection, qui permet de capitaliser sur de puissantes visualisations mentales positives.✔ L’auto-hypnose, laquelle vise à installer une indépendance vis-à-vis du thérapeute.✔ Les hallucinations sensorielles, très efficaces, qui installent des états corporels agréables.✔ Enfin, l’analgésiacousie qui consiste en une minoration de la perception acouphénique au profit des stimuli auditifs pertinents.
L’hypnose : une thérapie brève
Notons ici que, concernant les tarifs pratiqués, la fourchette de prix d’une séance d’hypnothérapie se situe en général entre 50€ et 120€ avec une moyenne constatée de 80€ / séance. Les rendez-vous avec l’hypnothérapeute peuvent durer de 35 minutes à 90 minutes.