Traitement des acouphènes : comment fonctionne la cohérence cardiaque ?

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Acouphène et cohérence cardiaque, comment la pratique peut aider à combattre les bruits parasites
Les techniques proposées par la cohérence cardiaque sont-elles en mesure de faire baisser la présence et l'intensité des symptômes acouphéniques ?

La cohérence cardiaque est un concept relativement récent qui assure pouvoir reparamétrer et apaiser notre système nerveux grâce à des exercices simples qui font la part belle à la respiration et à la régulation des battements du cœur. En matière de traitement des symptômes acouphéniques, il nous ait paru pertinent de nous pencher sur la cohérence cardiaque car cette pratique utilise des leviers qui agissent directement sur l’équilibre émotionnel, hormonal et nerveux, trois axes thérapeutiques de premier plan dont on sait aujourd’hui qu’ils jouent un rôle clés dans notre façon de percevoir les acouphènes.

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Qu’est ce que la cohérence cardiaque ?

La cohérence cardiaque nous vient des états-unis où elle est née dans les années 2000. Il s’agit d’une discipline directement inspirée des recherches menées en neuroscience et en neuro-cardiologie. Ses effets bénéfiques sur la santé physique et psychologique, notamment au niveau émotionnel, ont été approfondis par l’institut HeartMath.
En France, ce sont les docteurs David O’Hare et David Servan Schreiber qui furent les précurseurs en la matière et qui démocratisèrent la pratique de la cohérence cardiaque auprès de divers publics.

Un principe simple

Le principe de base qui sous-tend la cohérence cardiaque est le suivant : la maîtrise de nos émotions ainsi que la régulation de l’activité du système nerveux sont étroitement liées à la régularité des battements du cœur. En effet, comme nous le verrons un peu plus loin, il se trouve que le cœur et le cerveau sont étroitement connectés.
A chaque seconde, le binôme Cœur/Cerveau ajuste le rythme de nos pulsations cardiaques.

Une véritable courroie de transmission entre cœur et cerveau

La courroie de transmission qui opère la liaison entre ces deux organes est appelé système nerveux autonome. C’est lui qui ajuste en permanence le rythme cardiaque mais aussi l’ensemble de notre physiologie. Comme nous le verrons également dans cet article, il se trouve que ce système nerveux autonome est fortement influencé par nos états émotionnels… et que ces derniers impactent de manière directe la perceptions des acouphènes.

A lé clé, une atténuation des symptômes acouphéniques

La cohérence cardiaque permet, grâce à des techniques respiratoires simples, de reprendre le contrôle sur la régularité des battements du cœur. La poursuite de cette régularité va mécaniquement apaiser le système nerveux qui va à son tour apaiser l’état émotionnel global. C’est ce processus de régulation qui va permettre d’obtenir une atténuation des symptômes acouphéniques.

Comment notre système nerveux module la perception des acouphènes

Omniprésent, le système nerveux autonome contrôle l’ensemble des grandes fonctions organiques telles que la digestion, la pression artérielle, la respiration, le rythme cardiaque ainsi que les mécanismes de sécrétion et d’excrétion.
La particularité de ce système est qu’il fonctionne un peu comme une voiture, c’est à dire qu’il dispose d’une pédale d’accélération et d’une pédale qui permet de ralentir. Ces deux pédales distinctes et antagonistes se nomment système nerveux sympathique (accélérateur) et système nerveux parasympathique (freinage).
C’est la variation de notre système nerveux, tantôt en tension et tantôt calme, qui explique que la variation des acouphènes lesquels peuvent être tantôt omniprésents, tantôt en retrait.

L’action négative du système nerveux sympathique sur l’acouphène

Lorsque le système nerveux sympathique est sollicité (pédale d’accélération), c’est l’ensemble de notre organisme qui est impacté. Dans cette configuration, le corps et l’esprit se préparent à la fuit ou au combat. C’est la raison pour laquelle la fréquence cardiaque et respiratoire s’accélère, la digestion suspend son activité, les pupilles se dilatent, les bronches pulmonaires s’élargissent et la transpiration augmente.
Le système nerveux sympathique se révèle très efficace pour mettre l’organisme en état d’alerte et nous préparer à fuir ou combattre. Les deux neurotransmetteurs qui permettent au système nerveux sympathique de nous mettre en tension sont la noradrénaline et l’adrénaline.
Dans cet état de stress, l’acouphène fait partie des symptômes qui connaissent un regain de vitalité. C’est la raison pour laquelle ils paraissent plus fort et plus présents lorsque nous sommes en proie à des états émotionnels négatifs de type anxiété, inquiétude, stress et colère.

L’action positive du système nerveux parasympathique sur l’acouphène

Fort heureusement, la nature nous a équipé d’un système de régulation : le parasympathique. Ce dernier agit telle une pédale de freinage nous permettant d’apaiser notre physiologie ainsi que notre psychologie.
Lorsque le système nerveux parasympathique est stimulé, les effets induits sont agréables et salvateurs : sentiment de relaxation, de repos, de récupération… si nos sociétés modernes n’étaient pas si anxiogènes et stressantes, ce mode de fonctionnement serait celui que nous connaîtrions « par défaut ».
Au regard des symptômes acouphéniques, l’activation du système parasympathique permet de mettre une distance entre les bruits parasites et la perception que l’on peut en avoir à un instant T. Comme nous allons le voir, l’apaisement de l’organisme et de l’état émotionnel induit par la cohérence cardiaque permet de diminuer la présence et le volume perçu des acouphènes.

Comment la cohérence cardiaque peut-elle atténuer les symptômes acouphéniques ?

Au niveau physiologique et psychologique, l’état de « bonne santé » peut être obtenu, du moins dans une large proportion, par le fait d’équilibrer le jeu de pouvoir entre sympathique et parasympathique. C’est également lorsque ce rapport de force est équilibré que les acouphènes peuvent être modulés.

L’inspiration stimule le sympathique, l’expiration stimule le parasympathique

C’est au médecin Italien Antonio Marie Valsalva (1666 – 1723) que l’on doit la découverte concernant le lien rythme cardiaque/respiration. Valsalva remarqua en effet que la respiration avait tendance à élever le rythme cardiaque et que l’expiration avait tendance à l’abaisser. Il découvrit qu’un phénomène de synchronisation était à l’oeuvre.
L’inspiration stimule le sympathique alors que l’expiration stimule le parasympathique. Contrôler la respiration permet donc de contrôler le système nerveux qui a son tour contrôle en partie l’acouphène. L’état de cohérence cardiaque obtenu grâce à la respiration va libérer un neurotransmetteur du nom d’acétylcholine. Celui-ci va apaiser l’organisme et équilibrer l’état émotionnel.

Quand le cœur communique avec le cerveau

Les récentes découvertes en neurosciences ont montré que le cœur communiquait directement avec le cerveau. Il se trouve que cet organe est plus qu’une simple pompe musculaire. En effet, il compterait pas moins de 100 000 cellules neuronales lesquelles seraient en relation étroite avec notre cerveau. Les deux organes constituent donc, comme nous l’avons dit plus haut, un véritable binôme.
Cette relation privilégiée qu’ils entretiennent ainsi que l’influence manifeste qu’exerce le coeur sur le cerveau ont été mise en lumière par l’institut HeartMath de Californie dès la fin des années 1990.

De l’importance d’amplifier la variabilité cardiaque

On appelle variabilité cardiaque la capacité qu’à le cœur d’accélérer et de ralentir sa fréquence. Plus l’amplitude entre ces deux extrêmes sera grande, meilleur sera l’état de santé de l’individu. La variabilité cardiaque se révèle donc être un indice qu’il est important de prendre en compte car il témoigne de la souplesse de la fonction nerveuse autonome et de l’équilibre sympathique/parasympathique.

Une nette diminution de la variabilité cardiaque chez les personnes anxieuses ou stressées

A l’inverse, une faible variabilité cardiaque indiquera un système moins souple et donc moins adaptable face aux contraintes extérieures. Or, il a été démontré que les individus anxieux ou sujet à des épisodes de stress chronique avaient une nette tendance à présenter une « rigidité » de leur variabilité. De même, il semblerait que les personnes asthmatiques, hypertendues, diabétiques ou bien encore celles souffrant de maladies inflammatoires ou de douleurs chroniques soient également sujettes à un indice de VFC faible.
Dans le cadre du traitement des symptômes acouphéniques, il paraît pertinent de travailler à augmenter cette VFC afin de créer un terreau propice, physiologique et psychologique, qui permet de mieux contrôler les acouphènes.

De l’importance d’activer le baroreflexe

Le baroréflexe est un phénomène déclenché par la stimulation de récepteurs situés sur les gros vaisseaux, l’aorte et les carotides. Il permet de réduire la tension artérielle. Or, on sait aujourd’hui qu’une partie des acouphènes que l’on nomme « pulsatiles » peuvent être en liés à des problèmes de tension sanguine. La cohérence cardiaque, grâce à son action stimulante sur le baroreflexe, permet d’apaiser le phénomène.

L’effet Vaschillo

L’effet Vaschillo, du nom du médecin Russe Evgeny Vaschillo, postule qu’un certain rythme respiratoire induit l’alignement du cœur et permet d’atteindre plus facilement la cohérence cardiaque. La fréquence idéale se situerait autour de 6 cycles respiratoires par minute, ce qui correspond à une respiration plutôt lente.

La cohérence cardiaque en pratique

La technique respiratoire

En matière de cohérence cardiaque, il n’est pas rare d’entendre parler du fameux 365 : 3 fois par jour, 6 respirations par minute durant 5 minutes. Cela implique de respecter une cadence de 5 secondes à l’inspire et 5 secondes à l’expire.

Quelle posture adopter ?

Il est recommandé de privilégier la position assise, le dos bien droit, et d’éviter tant que faire se peut la position couchée laquelle, pour des raisons anatomiques, ne constitue pas la posture idéale.

Quels supports utiliser ?

L’application Diapason, spécialement créée par l’entreprise Immersive Therapy dans le cadre du traitement acouphénique, inclut des exercices inspirés de la cohérence cardiaque qu’il est possible d’utiliser directement sur son smartphone.

Ci-dessous, une courte vidéo explicative dans laquelle la Sophrologue Tiphaine Le Denmat explique la cohérence cardiaque appliquée aux acouphènes :

Beaucoup plus limitée, l’application RespiRelax+ se révèle très efficace pour apprendre à réguler sa fréquence respiratoire.
Enfin, le logiciel SymbioLine Personal Edition propose un package complet, 100% cohérence cardiaque, lequel est équipé d’un capteur enregistrant le signal cardiaque et d’une interface graphique permettant d’obtenir un biofeedback.

Les apports de la cohérence cardiaque sur le plan de la santé physique et psychologique

Les effets à court terme de la cohérence cardiaque

Utiliser au quotidien les techniques respiratoires qui permettent d’atteindre la cohérence cardiaque va induire plusieurs effets bénéfique à court terme. Tout d’abord, la sécrétion de cortisol, hormone du stress, va avoir tendance à baisser en quelques heures.
A ce propos, il est utile de rappeler que certaines études ont témoigné d’une diminution allant de 23% à 35% chez des populations ayant pratiqué des exercices de cohérence cardiaque durant 30 jours à raison de 25 minutes quotidiennes (source: www.coherence-cardiaque.com).
Au titre des effets secondaires positifs sur le court terme, citons également l’augmentation du taux de DHEA dans le sang, une hormone reconnue pour ses vertus anti-vieillissement. Mentionnons également une augmentation du taux d’ocytocine, un neurotransmetteur impliqué dans le sentiment d’attachement. Il a été aussi mis en évidence que la cohérence cardiaque augmentait les IgA salivaires lesquelles participent activement à la défense immunitaire. Côté performances cognitives, il a été démontré que cette pratique favorisait les ondes cérébrales Alpha lesquelles entrent en jeu dans la mémoire et la coordination.

Les effets de la cohérence cardiaque sur le long terme

Sur le moyen et le long terme, il a été démontré que la cohérence cardiaque était susceptible de diminuer l’hypertension artérielle ainsi que les risques cardiovasculaires, de réguler l’indice de glycémie dans le sang, d’induire une meilleure récupération après l’effort ainsi qu’une meilleure tolérance à la douleur, d’améliorer la condition des personnes asthmatiques et de soulager les patients souffrant de maladies inflammatoires.

Atteindre l’état de cohérence cardiaque pour réguler les acouphènes

En matière de traitement des acouphènes, la cohérence cardiaque a beaucoup à apporter, ne serait-ce que sur le plan nerveux et émotionnel. Grâce à des exercices simples, il est désormais possible de synchroniser plusieurs fonctions qui toutes ont une influence sur la perception des acouphènes. Fonction respiratoire, ondes cérébrales, baroreflexe, fréquence cardiaque sont autant de leviers qu’il est possible de stimuler afin de reparamétrer la manière donc notre cerveau va interpréter les acouphènes.

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