L’hypnothérapie : solution efficace contre les acouphènes ?

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L'hypnothérapie est-elle une solution efficace dans le cadre du traitement des acouphènes ?
L'hypnose permettrait d'agir directement sur les aires cérébrales en charge de la perception des stimuli sonores de type acouphéniques.

On a coutume de lui prêter une aura quasi magique, voire paranormale. Or, l’hypnose thérapeutique est en réalité une discipline bien éloignée des clichés véhiculés par l’hypnose de spectacle. Misant sur des outils éprouvés tels que les suggestions, les réinterprétations et les projections, pour n’en citer qu’un échantillon, l’hypnothérapie se veut avant tout un moyen de reprogrammer le cerveau en ajustant le fonctionnement de ses systèmes neuro-végétatifs, sensoriels et limbiques. Mise à contribution depuis les années 1950 dans le cadre du traitement des troubles acouphéniques, l’hypnose propose de modifier en profondeur la perception même des stimuli sonores afin d’en diminuer la connotation aversive ainsi que la saillance, deux notions étroitement liées qui jouent un rôle capital dans la survenue et la persistance des acouphènes.

🖊 Ci-dessous, un court résumé en vidéo. Pour plus de plus amples informations sur ce sujet Acouphènes-Hypnose, parcourez le dossier complet situé sous la vidéo !

Qu’est ce que l’hypnose ?

La thérapie par induction d’un état de transe hypnotique est un procédé qui est utilisé depuis maintenant près de 60 ans dans le cadre spécifique du traitement des acouphènes chroniques. Pour comprendre ce qu’est l’hypnose et comment elle agit sur le cerveau, il convient de se figurer celle-ci comme un état mental particulier. Un état de conscience modifiée que l’on pourrait qualifier d’hypervigilance mentale.

Un état d’hypervigilance mentale

Loin des lieux communs et des croyances populaires qui ont longtemps laissé penser que l’hypnose était un état proche du sommeil, on sait aujourd’hui avec certitude qu’il s’agit plutôt d’un mode de fonctionnement cérébral très actif qui ne présenterait finalement guère de différence avec les états méditatifs les plus élevés tels que le mindfulness (pleine conscience). Tout comme la pratique méditative, la transe hypnotique possède cette faculté de pouvoir impacter le fonctionnement cérébral. 

Un faible taux de résistance

Selon certaines études menées aux états-unis, il semblerait que près de 9 personnes sur 10 soient en mesure d’entrer plus ou moins facilement en état d’hypnose. Précisons ici que deux conditions sont tout de même à remplir à savoir que les sujets ne doivent pas nourrir d’a priori négatif concernant l’hypnothérapie et qu’ils doivent manifester un net désir d’être aidé et pris en charge dans le cadre du traitement de leur acouphène.
C’est parce qu’elle entend agir sur l’inconscient, sur l’imagination, sur la mémoire ainsi que sur nos réactions conditionnées que l’hypnose va reprogrammer les réactions induites par les symptômes acouphéniques.

On estime aujourd’hui que 6 à 7 acouphéniques sur 10 tireraient un bénéfice de l’hypnothérapie. De même, un peu plus de 3 personnes sur 10 témoigneraient des bienfaits de l’hypnose alors même que ces dernières étaient considérées comme résistantes aux autres formes de thérapie. Ces chiffres sont à prendre avec précaution car le nombre d’études menées à grande échelle manquent en la matière.

Comment l’hypnose va agir sur les acouphènes

L’hypnothérapie permet d’agir sur deux niveaux complémentaires. Il s’agira tout d’abord de dissocier l’acouphènes, perception sonore, du corps. Cela signifie que l’hypnose va amener le cerveau à considérer le son parasite autrement de façon à ce que ce dernier s’efface. Au second niveau, l’état hypnotique va agir directement sur les répercutions émotionnelles liées aux acouphènes. Les sentiments de détresse, d’anxiété, d’irritabilité et de stress seront peu à peu neutralisés ce qui aura pour effet de diminuer la saillance des bruits parasites, c’est à dire leur propension à surgir dans le champ de conscience.

L’action de l’hypnose sur le système nerveux végétatif

Il est ici primordial de garder à l’esprit que les symptômes acouphéniques et les états émotionnels toxiques tels que le stress sont étroitement corrélés. Les tensions, la nervosité ainsi que les états dépressifs souvent consécutifs à la survenue ou à la persistance des acouphènes sont autant de facteurs aggravants qui alimentent la nuisibilité de l’acouphène.
L’inverse peut également être vrai : bien souvent, le fait émotionnel peut être à l’origine de l’apparition de symptômes acouphéniques. Il s’agit d’une boucle de rétroaction, une sorte de cercle vicieux qui peut s’alimenter dans un sens ou dans l’autre.
C’est la raison pour laquelle une des finalités de l’hypnose consistera à influer progressivement sur l’équilibre du système limbique lequel constitue, rappelons-le, l’aire cérébrale dévolue aux phénomènes émotionnels.
Les outils hypnothérapeutiques tels que les suggestions, les dissociations corps / symptômes ainsi que les déplacements, que nous aborderons plus en détail un peu plus bas, sont autant de voies permettant d’agir sur le système nerveux végétatif.
Egalement appelé système autonome, c’est à lui qu’incombe la régulation de nombreuses fonctions clés de l’organisme telles que la digestion, la respiration, la circulation artério-veineuse, la pression artérielle ainsi que les mécanismes de sécrétion et excrétion.
C’est en calmant et en équilibrant ce système autonome que l’on peut, par ricochet, calmer et rééquilibrer l’activité du cerveau limbique. Et c’est ce rééquilibrage global du diptyque organisme / esprit qui permet de diminuer la perception des acouphènes. 

La réactivité du système auditif

Il se trouve que l’appareil auditif constitue une des fonctions corporelles les plus délicates et les plus sensibles. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que l’audition est étroitement lié aux émotions et, plus globalement, à l’état psychologique et nerveux de la personne.
Au sein de l’appareil auditif, chaque cellule ciliée internes et externe est doublement innervé. Cela signifie que les ramifications entre le système auditif et le système nerveux central forment une sorte de boucle. Les influx nerveux peuvent emprunter la voie qui mène vers le cerveau via ce que l’on nomme des fibres afférentes. A l’inverse, des messages de même nature peuvent arriver en provenance du cerveau via ce que l’on appelle les fibres efférentes. Il y a donc deux sens de circulation.

C’est cette particularité anatomique qui explique la grande interdépendance entre stress et acouphène. Tout semble se jouer au niveau du tronc cérébral, là où le système efférent tisse des connexions entre audition et centres régulateurs du système autonome. L’hypnose, grâce à ses effets anxiolytiques et régulateurs, agirait en profondeur en stimulant le système dit « parasympathique » lequel est en charge de la détente du corps et, par effet d’entrainement, de l’esprit.

Objectif : enclencher le cycle vertueux de l’habituation

Les récents progrès en Neurosciences et Neuropsychologie nous apprennent que les stimulus sonores négativement connotés sont traités par le cerveau comme signifiants, c’est à dire vecteur d’alerte voire, de danger. Il apparaît donc logique que la réponse émotionnelle induite en répercussion à ces stimulus soit de nature négative. C’est cette connotation négative, dite aversive, qui installe l’acouphène au premier plan de la conscience.
A l’inverse, un son neutre qui sera perçu de manière non-problématique aura d’autant plus de chance de disparaître lui-même du champ de conscience car dépourvu de connotation aversive. Ce « noyage » progressif du stimulus sonore qui tend à s’effacer est caractéristique du processus d’habituation.
L’hypnothérapie, en cherchant à débarrasser l’acouphène de son enveloppe émotionnelle, se veut un moyen de déclencher et/ou d’accélérer ce phénomène d’habituation.

Résultats à délais variables

Le délais nécessaire pour parvenir à un résultat varie en fonction du niveau de connotation aversive de l’acouphène. Alors que le processus d’habituation pourra être activé en quelques heures pour ce qui concerne un stimulus neutre, ce délais pourra considérablement augmenter en cas de stimuli mal vécus.
C’est la raison pour laquelle il nous est en général facile de nous accoutumer à une odeur agréable, jusqu’à oublier celle-ci, alors même qu’il nous sera impossible de ne pas considérer négativement une odeur fétide.
Ce n’est donc pas l’acouphène qui créé la problème mais bel et bien le sens que nous lui rattachons. Et c’est ici que l’hypnose entend frapper. En effet, ses outils permettent de mettre en perspective la signification émotionnelle accordée aux symptômes acouphéniques. Cela va faciliter le travail naturel d’habituation lequel peut parfois être en panne. L’hypnothérapie, grâce à ses capacité correctives, va progressivement reprogrammer le cerveau afin que celui-ci soit en mesure de filtrer correctement les stimuli avant que ceux-ci ne viennent phagocyter le champ de conscience.

La boîte à outils hypnothérapeutique 

La thérapie par induction d’un état hypnotique de conscience modifiée dispose de moult outils dont l’action, souvent conjointe, va ré-enclencher le processus d’habituation. Parmi ces techniques, il sera pertinent de mentionner :
L’amnésie, laquelle aide le patient à « oublier » certaines perceptions auditives négativement connotées.
La distorsion temporelle, laquelle vise à raccourcir les moments inconfortables afin d’augmenter corrélativement les périodes de mieux-être.
Les suggestions, lesquelles peuvent être de quatre natures : directes, indirectes, activatrices ou bien encore ouvertes.
La dissociation, laquelle intervient pour insérer une saine distance entre le corps et les symptômes acouphéniques.
Le déplacement, un outil qui vise à déplacer l’acouphène de sorte que la personne puisse se le figurer comme un bruit venant de l’extérieur.
Le fractionnement, lequel cherche à induire une diminution progressive de l’acouphène.
La réinterprétation, laquelle entend créer des passerelles mentales entre l’acouphène et des expériences plus agréable.
Les représentations mentales, lesquelles cherchent à matérialiser l’acouphène pour en faire un objet sur lequel il lui est possible d’agir.
La relaxation, laquelle permet de retrouver des sensations corporelles positives pour ensuite les installer en toile de fond. C’est, en somme, une sorte d’antidote qui vise à contrer l’inconfort généré par la problématique acouphène.
La projection, qui permet de capitaliser sur de puissantes visualisations mentales positives.
L’auto-hypnose, laquelle vise à installer une indépendance vis-à-vis du thérapeute.
Les hallucinations sensorielles, très efficaces, qui installent des états corporels agréables.
✔ Enfin, l’analgésiacousie qui consiste en une minoration de la perception acouphénique au profit des stimuli auditifs pertinents.

L’hypnose : une thérapie brève

A l’instar d’autres formes de thérapies telles que la Sophrologie, les TCC et le Neurofeedback, l’hypnose fait partie des thérapies brèves. Un protocole standard s’étalera en général sur 12 semaines. La première entrevue sera dédiée à l’anamnèse qui est une sorte de récit des antécédents du patient.
Notons ici que, concernant les tarifs pratiqués, la fourchette de prix d’une séance d’hypnothérapie se situe en général entre 50€ et 120€ avec une moyenne constatée de 80€ / séance. Les rendez-vous avec l’hypnothérapeute peuvent durer de 35 minutes à 90 minutes.
Cependant, au delà de ce protocole encadré, il est important de rappeler que l’hypnose, comme la Sophrologie d’ailleurs, a vocation à tendre vers l’autonomie du patient. D’où les techniques d’auto-hypnose qui permettent, grâce à des séances comprises entre 15  et 45 minutes, de profiter pleinement, à la maison, des effets bénéfiques de la thérapie.

Le cap de la cinquième semaine

Il est pertinent de rajouter que le Docteur Benhaïem, hypnothérapeute, considère que les premiers résultats positifs devraient apparaître, au plus tard, au bout de la cinquième séance. Le cas échéant, si aucun progrès n’est constaté à ce stade, il sera judicieux de songer à une autre option thérapeutique. Rappelons ici que, comme nous l’avions évoqué en début de sujet, environ 10% des personnes seraient totalement réfractaire aux outils de l’hypnothérapie.

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